Qualité générale du millésime :

Très bonne, mais il est rare de pouvoir déguster ces bourgognes blancs.

Tout le monde n'est pas de cet avis, mais voici, selon nous, la deuxième très grande année du siècle. Les choses commencent pourtant très mal avec un printemps très froid. Les nuages ont la goutte au nez. La fleur voit le jour avec douleur.

A Chablis, un gel très rigoureux sévit au mois de mai : c'est alors que l'abbé Balitran, pour réagir contre la crise, porte sur les fonts baptismaux la coopérative La Chablisienne. Le beau temps établit ses quartiers d'été en Bourgogne. La qualité sanitaire et la maturité des raisins produisent un vin riche en gras et généreux en chair.

La récolte est minuscule (en volume, l'une des plus faibles du siècle), mais flamboyante à la dégustation en fûts, puis en bouteille. Un Savigny-lès-Beaune résiste à merveille durant six décennies, tirant sur l'acajou et le vin de noix sans doute, mais gardant son gras et une architecture gothique plutôt spectaculaire. On croit ce vin sorti de la palette d'un peintre tant il a de couleurs aux joues. Et quelle concentration! On ne parle pas encore d'extraction, et l'oenologie, la vinification pratiquent encore des méthodes ancestrales. Sans thermorégulations! C'est dire le mérite de ces vignerons qui réalisent leurs oeuvres avec le seul concours de la nature et de leur savoir-faire. Ce millésime bénéficie de sa mâche tannique et d'une vivacité qui le porte longtemps.

C'est une année de profonde malchance pour le vignoble qui cumule ici, avec 1922, deux millésimes vraiment mauvais. Toutefois, les vins de la récolte de 1923 sont un tout petit peu meilleurs.